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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 07:30

cleet borishubert mounier

 

Note de concordance : 10/10

 

Je ne pouvais décemment pas passer à côté.

Premièrement parce que ce blog a pour vertu de s'occuper de la sono des livres, et que cette association nous arrive clef en main : le nouveau disque et la BD qui raconte sa conception. Ou le nouveau bouquin accompagné de sa Bande Originale de Livre, choisissez le sens.

Mais aussi, et surtout, parce qu'en tant qu'ancien lyonnais fan de l'Affaire Louis Trio et de Hubert Mounier (et accessoirement inconditionnel du travail de Biolay), je me régale de cette grande oeuvre à double entrée.

 

Certes ce n'est pas la première fois qu'un auteur aiguille son lecteur vers un disque précis : nous l'avions évoqué dans un article sur Gunnar Staalesen , et on pourrait également citer la BD "Loser" vendue avec un CD. Il est aussi arrivé qu'un dessinateur glisse ses propres compositions musicales dans un ouvrage. Berberian tourne autour du BOL depuis un bout de temps, avec "Françoise" ou "The Spell" de son groupe Nightbuzz (avec le formidable J-C Denis). Le petit + que propose Cleet Boris (pour les non-initiés, Dr Mounier et Mr Cleet sont un seul et même homme : l'ex-leader de L'Affaire Louis Trio, dessinateur et chanteur), c'est que sa BD parle de l'album, de la composition à la production.

Et l'inverse est presque vrai. Quand le disque parle d'apaisement, d'un havre épais, ou d'un lieu de recueil, le plaisir de dessiner n'est-il pas derrière ?

 

Cette superbe harmonie, j'ai failli passer à côté. Et j'en ai encore un peu honte. Il suffit d'écouter un album un peu cynique ou branchouille juste avant, de coincer "La maison de pain d'épice" dans un étau, mordu par un The Kills et un MGMT, et on peut se dire que ces chansons ne valent rien, trop désuètes. Que Mounier a perdu le truc. Sans la bande dessinée, j'en serais peut-être resté là. Et , c'est le drame ! 

 

Hubert Mounier a un univers. Un Monde à lui. Fait de fantaisie, de super-héros rigolos, d'aventuriers en yellow submarines, de lasers à rayons XTC, d'une jungle de tendresse - il fallait bien deux oeuvres simultanées pour faire rentrer tout ça ! Et puis il y a l'élégance. C'est cette qualité qui peut faire rater la marche menant aux hauteurs du disque : Mounier peaufine tant sa fluidité qu'au premier abord les chansons semblent simples, banales. Une ou deux écoutes supplémentaires calment vite le petit malin qui le prendrait de haut.

La BD aide donc à admettre qu'il faut rentrer dans ce fameux univers - c'est le carton d'invitation, bien que l'entrée soit libre. Quel plaisir alors de zapper de morceaux en morceaux afin de faire coïncider les cases et les notes, de jouer à reconnaître le titre en train de naître, de croiser Benjamin le génie et Biolay le capricieux tout en distinguant sa patte...

 

maison pain epice

 

La ligne claire de Cleet Boris est également tout en souplesse. "La maison de pain d'épice" s'écoule, suit son cours tranquille. L'humour déborde, crue de clins d'oeils dans les vignettes. Les dessins, vivants, ponctués d'hommages aux comics de son enfance, sont chargés de symboles ; pluie d'allégories hilarantes.

L'aspect le + intéressant de ce livre, au-delà de l'inventivité narrative, est la découverte de Hubert Mounier, l'homme. L'artiste au quotidien, la gloire déçue, le chanteur indigné de se faire virer par son label, le Capitaine retiré en Ardèche, le type amoureux, le père de famille qui a lutté contre l'alcool. Le leader d'un groupe dont l'un des membres est mort, brutalement. On va sûrement nous repasser l'intégrale des "Jeux de 20 heures" sur France 3 en hommage à Maître Capello, mais les batteurs de groupes qui nous ont fait planer il y a + de dix ans - dix éternités - qui s'en soucie ? Douloureuse info, dignement racontée, contenue dans ce livre... Bronco Jr est mort.

 

Difficile d'enchaîner après cette phrase qui m'attriste sincèrement. Mais il faut bien que je vous parle des ukulélés, des choeurs divins de garçons de plages, des ponts bossa-nova, des fleurs de xylophone, des accords limpides et intrépides, du soleil pop qui parcellent le disque. Le refrain-killer de "Fatalitas", les réminiscences mobiles des chants de sirènes sur "Triste saison", les paroles affûtées de la chanson-titre, la sollennité d'"Un monde à nous" aux so(m)bres claviers et point d'orgue de l'album, tant de sublimes moments... Fragiles. Discrets. Des moments qui se méritent.

 

Il y a 17 ans, je rêvais de croiser Cleet Boris dans les rues de Lyon pour lui dire que pour moi "Mobilis in mobile" était le meilleur album en français jamais écrit. Quelques mois + tard, l'occasion s'est présentée quand je lui ai tenu, à lui et à sa petite fille, la porte de la Fnac Bellecour. J'ai enfin pu lui dire ! Avec approximativement ces mots : "de ri... é... Bmm, h...". Il a sûrement compris, non ?

Bref, 17 ans + tard, nous avons les blogs pour nous exprimer. Alors Mr Mounier, je voudrais vous dire : "br... è. Bmm, oo..."

 

Le single idéal du Dr Mounier :

http://www.youtube.com/watch?v=iiU-gsSqjHY

 

Et malgré la piètre qualité de la captation, je ne résiste pas à joindre cette rencontre sur scène avec BB, par ailleurs croquée dans la BD :

http://www.youtube.com/watch?v=fvSKBxLD0ZM

 

 

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 19:16

 brunostevie wonder - innervisions

 

Note de concordance : 7/10

 

  Inner City, 12 septembre 1973

 

Rapport de Police n°0050109032617                                                                                         

Objet : vol de véhicule marque Chevrolet immatriculé YK100

 

 

Déposition du témoin n°1 - Le peintre de rue (extraits)

 

... L'était bourré votre gars ! Si c'est bien du même qu'on parle. Je l'ai vu sortir de chez Ike's le genou mou, tâtant du mur, à deux clopinettes de s'étaler. Si c'est lui votre Houdini qui fait s'envoler les autos, cherchez-le sur la 110ème, voire à 110 mètres, parce qu'il a pas pu faire bézef de route. Je le sais, je l'ai croqué le saoulard !      (...)      Matez : le trait épais, l'épaule ronde, les lunettes mosquito, empêtré dans ses pattes d'eph', la chemise motifs amphets, le couvre-citron pressé sur la tronche... Bon je l'ai arrangé, je lui ai mis de la couleur. Mon truc c'est le groove. Tout en rondeur, des surfaces denses. Le fignolage, je laisse ça aux faussaires, alors vous attendez pas à un portrait-robot ! Moi ce qui m'intéresse c'est le funk. Capter le funk. Si le mec a un manche de guitare dans son cul-blanc je passe à aut' chose. Faut qu'ça pulse, ma toile, qu'il y ait du mouvement, du cuivre dans chaque image. Le style avant tout ! Ouais, ouais, je sais, je m'éloigne du sujet ! Vous vous en foutez de l'art, mes cochons !      (...)      Y'a que mon point de vue objectif qui vous intéresse. Mais qu'est-ce que je peux vous dire de +, moi ? Pendant qu'il s'emmêlait les pinceaux, je fricotais avec les miens. Il m'a servi de modèle à l'insu de sa poivrée. Et je l'ai pas vu tirer la caisse, ni braquer celle de Xav' Store où je l'ai vu rentrer... Mais non, rien de porno, c'est le marchand de rondelles. Celles qui font 33 tours...

 

 

Déposition du témoin n°2 - Le disquaire (extraits)

 

... Hier ? A neuf heures ? C'est les seules oreilles qui soient rentrées, à cette heure, alors je m'en souviens. Le type voulait absolument ce disque : "Innervisions" ! J'avais beau lui répéter que c'était du Marvin qu'il lui fallait, rien à faire ! "What's going on", voilà ce qui convenait à la situation, le bon album au bon moment. Entêté, seul Stevie trouvait grâce à ses yeux ! Enfin si je puis dire. Il m'a même demandé de passer la face A. De la bombe, notez ! Son chef d'oeuvre en fait. Une ligne de basse de neuropathe, la voix qui se fait la malle comme elle veut, l'orgue qui part en vol plané ! Du groove version no limit ! Pas une note qui foire. Pas. Une. Seule. C'est de la Motown, mais la soul est pas là pour rigoler ; on dégouline pas ici, on brille ! La ville à Stevie ! Wonderland !       (...)      Ok ok ! J'y viens à votre mec. Vous êtes toujours pressés vous les flics. Il y avait quoi dans cette bagnole pour que ça vous interpelle autant ? Vos plaques ? Vos guns ? De la poudre ?      (...)      Un tueur à gage ? Ce mec-là ? Ahahah ! Laissez-moi me marrer ! Vous avez rien compris. Et non, il n'était pas bituré du tout ! S'il voulait entendre Stevie décrire ses visions intérieures, c'est parce qu'il partage les mêmes que lui ! Lui en voulez pas de marcher parfois en faisant du wah-wah : mon client est aveugle !...

 

 

 

Déposition du témoin n°3 - La fille (extraits)

 

... D'habitude je pionce le matin, vous avez du bol. J'ai pas bossé hier soir - Ike faisait une audition pole dance avec des miches neuves. J'allais chez Blaxploit-HAIR-tion me faire bichonner les douilles quand j'ai croisé Curtis. Un Marvin Gaye sous le bras. Ouais, très possible qu'il ait pris le volant d'une grosse bagnole.      (...)      Ah si, je suis catégorique. C'était un Marvin Gaye : je confonds pas ce beau gosse avec Stevie Wonder. Vous êtes paumés ? J'ai affaire à des bleus ? Trois points de vue vous suffiront pour atteindre la vérité, où il vous en faut + ? Parce que j'ai du taf, moi !     (...)      Mais non, le disquaire n'a pas arnaqué le suspect aveugle : c'est justement Curtis, le disquaire, que j'ai croisé. La classe urbaine, comme toujours ! C'est lui qui a tiré la Limo.     (...)      Un piège. Tout est toujours affaire de piège à Inner City. Vous êtes dedans. Au fond. Cette ville est un piège. Comme dirait Stevie Wonder : (elle chante)

 

"This place is cruel no where could be much colder
If we don't change the world will soon be over
Living just enough, stop giving just enough for the city!!!!"

Jésus ! J'y suis ! J'aurais dû faire poulet ! Vous n'y avez vu que du feu. Votre témoin n° 2, il avait des lunettes et une chemise bariolée ? C'était pas le disquaire. C'était l'aveugle ! Et s'il s'est fait passer pour Curtis, c'est forcément qu'il est de mèche pour lui faire gagner du temps. Vous ne retrouverez plus jamais ni l'un ni l'autre ! (rire outrancier) Des bleus ! Même pas capable de repérer un aveugle ! A SE DEMANDER QUI Y VOIT LE + CLAIR !?

Je vous l'ai dit, le piège se referme toujours à Inner City...

 

bruno strip girl

 

 

P.J. :

 

  http://www.youtube.com/watch?v=ZRT3Te21sXM

 

  http://bruno.thielleux.free.fr/blog/

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 16:01

wayne-shelton.jpgRaconteurs

 

Note de concordance : 6/10

 

Hier une page s'est déchirée. The White Stripes se sont séparés. Avoir le blues fait tâche dans un monde en rouge, blanc et noir...

Vivement la reformation.

Et en attendant, un grand hourra pour l'autre grand groupe de Jack White, The Raconteurs !

 

 

 

 

                THE RACONTEURS Cie                                                                    

                                                                                                 Des mercenaires au service de mercenaires

 duel 3

 

 

                                                           Facture n° XLCD196

 

 

  Detroit, le 15/05/2006

 

 

A Mr Jean Van Hamme, scénariste efficace mais pas pour autant grossier                                        

A Mr Christian Deneyer, dessinateur énergique mais pas pour autant bâcleur

Projet Wayne Shelton

Rue Dargaud 

1005 Bruxelles

 

 

Détail des prestations :

 

- Ressoudage au chalumeau d'un scénario déjà renforcé à l'acier. Feu puissant de guitares.

 

- Peintures d'ornements ledzepiens arabisants ("Broken Boy Soldier") sur les missions au Moyen-Orient. 

 

- Réglage à la hausse des performances-moteur assurant des rythmes endiablés. Synchronisation de la pédale de grosse caisse et de la pédale d'accélération.

 

- Coup de rétroviseur sur des choeurs 70's en hommage au casting très "Mission Impossible".

 

- Consolidation du bloc pare-choc  à base de compositions convulsives ("Store bought bones"), en vue de nombreux coups de théâtre.

 

- Lustrage de l'image à l'aide d'un blues vintage revêtu de cuir ("Blue Veins").

 

- Le plein de rock.

 

                                                                                                                                                                    Total TTC: IIIIIII $

 

The Raconteurs : une société au capital de IIIIIIIIIIII $ en copropriété de Jack White, Brendan Benson, Jack Lawrence et Patrick Keeler

 

 

 

C'est trop beau, je n'avais pas vu ce clip dans lequel justement, ça soude et ça dessoude !

http://www.youtube.com/watch?v=qvabLhs6_LM&feature=fvst

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 07:24

cover-ayamayra andrade navega

 

Note de concordance : 8/10

 

 

Les tensions actuelles en Côte d'Ivoire me peinent sincèrement, et me poussent à vous parler dès aujourd'hui de cette chouette copine : Aya.

Comme toujours dans les médias européens, on sert l'Afrique sur nos tables à manger opulentes, exclusivement sous le prisme éprouvant de la famine et de la guerre. Culpabilise petit blanc ! Et estime-toi heureux d'avoir un toit, un boulot à 130%  et de quoi acheter des pâtes arôme micro-ondes. Manges-y ton bon Zapetti (la liaison ne marche pas pour votre jeu de mot les mecs, votre marque ne donnera jamais envie !). Et télécharge une applicacon. Et assure-toi chez MMA, zéro tracas... Mais ta gueuuule !

 

L'Afrique c'est autre chose que ce grand épouvantail du 20h00. "Aya de Yopougon", c'est le visage insouciant de la Côte d'Ivoire, le quotidien d'une petite ville des années 70 et de ses habitants. Les premiers émois amoureux, les séductions maladroites, les petits mensonges, l'extra-polygamie et ses conséquences, les grandes joies Vs. les petites tracasseries, etc.

Guère de guérilla, carence de famine. En six tomes, Marguerite Abouet nous raconte à travers la jolie Aya sa propre jeunesse plutôt heureuse, avec des dialogues imagés qui feraient passer les couleurs clinquantes de son compagnon dessinateur pour fades ! Pas des mots pour palabrer gros français compliqué, des mots qui décalent, dêh ! (NdT : pas un langage soutenu pour se prendre la tête, des mots qui dansent, voyons !)

 

Les textes et les couleurs font la fête. Autant le faire en musique ! Le Cap Vert est un archipel ouest africain, ancienne colonie du Portugal. Sa richesse, c'est ses musiques. Un coffre à trésors de rythmes, les percussions abondent, les mélodies débordent, les chansons poussent sur les arbres. Et cet Eden, personne ne le chante mieux que Mayra Andrade (même pas la Comtesse aux pieds nus). Ambassadrice des traditions musicales de son pays de coeur, elle conte la vie de Cabo Verde avec une poésie lumineuse. "Navega", son premier album, est une barque à la charpente acoustique. Elle glisse sur les flows d'une voix vaguement voilée, délicieuse fêlure. D'îles en îles, Mayra prend dans ses filets toutes les influences et les redonne gorgées de soleil. Harmonies chaloupées aux reflets brésiliens, au loin... Mêmes ses nuits scintillent, sur les vagues de la morna...

Afrique tranquille. Afrique insouciante.

 

Qu'il est agréable de filer de cases en cases, de carmins en ocres, enrobé des motifs de "Navega" cousus de bossa, afro et jazz. Les mots, pleins, savoureux, s'embrassent. Les amis d'Aya également, et + car affinités ! Aya, c'est la sagesse incarnée, et tout le monde sollicite ses conseils. On se demande toujours si ses frêles épaules et son long cou supporteront les embrouilles journalières des gens de Yopougon, de ses amies irréfléchies. Les histoires simples, les chassés-croisés-cadencés, sont tressés par des dessins aux traits fins, naïfs, légers, effleurant la caricature pour souligner l'humour des dialogues. Fréquemment, une pleine page ponctue le récit et déverse ses couleurs. Coup de soleil sur la palette.

 

aya pleine page

 

Ces dessins sont si chantants, si remplis de musique qu'on ne sait plus qui fait la Bande Originale pour l'autre. Aya et Mayra, deux cousines, deux correspondantes qui s'écrivent leur vie, leurs malheurs et leurs rencontres. L'une touche par son charisme digne et son entourage saugrenu (qui pense beaucoup à faire ploco-placa - NdT : oh arrêtez, vous avez très bien compris !), l'autre charme avec ses mélodies galbées (franchement, qui résisterait à l'intro espiègle de "Dimokransa" ? A la nostalgie réfrénée du refrain de "Dispidida" ?). Elles jouent en choeur un batuque éclatant.

Tout n'est pas rose en Afrique ; mon dieu non ! Mais il faut dire merci à ces femmes qui nous débarrassent des idées reçues resucées par nos spécialistes des lieux communs. Qui nous donnent autre chose à voir, nous ouvrent d'autres fenêtres.

 

Bye-bye clichés

 

En souhaitant que les paroles engagées de Mayra Andrade porteront bonheur aux ivoiriens :

http://www.youtube.com/watch?v=wayZq_lQMFY

 

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 22:31

 

blacksadcatherine russell

 

 

Note de concordance : 9/10

 

Une bande dessinée peut tout à fait avoir sa B.O.L. Comme l'oeuvre est normalement lue + rapidement, le disque aura moins le temps d'imprégner les oreilles, et l'idéal est de découvrir le disque en même temps que la BD. L'impact en sera augmenté, d'après mes calculs savants, de 39,7%. 

 

Le tome 4 de Blacksad s'intitule "L'Enfer, le silence". Le détective au visage félin va s'immerger dans les quartiers jazz de La Nouvelle-Orléans, au coeur des années 40. A priori cette ville bouillonnante a tout pour plaire à Blacksad qui rapproche dès les premières pages le silence de l'enfer (comme je suis d'accord...). Mais ses notables véreux, ses travers, ses magouilles, les ravages de la drogue, et même le vaudou vont sévèrement compliquer l’enquête du gentlecat.

 

Entre un bon disque de death-metal hardcore et du jazz, j'ai curieusement opté pour la solution 2, avec le troisième album de Catherine Russell. Cette new-yorkaise - dont le père, directeur musical de Louis Armstrong, a longtemps vécu à La Nouvelle-Orléans - a été choriste pour David Bowie, Paul Simon, Rosanne Cash et bien d'autres avant de se lancer en solo. Son timbre d'alto porte, transporte, cet album aux arrangements variés et d'une richesse digne des dessins de Guardino. Les alternances de cuivres, de piano, de morceaux presque cajuns où le banjo se marie à un violon coquin, les quelques incursions blues et l'équilibre des soli composent la mosaïque de ce grand disque de jazz rétro dont on ne se lasse pas.

Cette production prestigieuse introduit parfaitement le casting foisonnant de Blacksad. La faune urbaine dessinée avec un génie auquel on ne s'habitue pas pullule dans la ville berceau du jazz. Les personnages traînent leurs gueules (dans le sens cinématographique du terme) dans les vieux bouges, les clubs, les rues du Vieux Carré et ses impasses voisines + louches, les clubs, les quais, les tramways, les clubs, ...

Guardino réalise souvent des doubles pages avec une couleur dominante. A ces ambiances splendides, le swing d' "Inside this heart of mine" donne une dimension supplémentaire. Ecoutez "Quiet Whiskey" en déshabillant la page 4 du regard ! Passez l'extraordinaire chanson titre au rythme des ballades du héros chez les disquaires de la ville ! Quand le très réussi pianiste Sebastian traîne ces vieux os troubles, la rythmique saccadée de "Slow as molasses" semble écrite pour sa démarche dégingandée. Evidemment, "Troubled waters" et son picking blues s'imposent lorsque Blacksad coule lentement au fond du Mississippi...

 

Dans cette BD, le jazz émane de chaque case, transpire de chaque personnage.

Dans ce disque, les images capiteuses se chevauchent, les couleurs éclatent.

Le Paradis, la musique.

 

Fait assez amusant et dû au hasard, le premier album de Russell s'appelle "Cats". Et on retrouve sur "Inside this heart of mine" un morceau  nommé "All the cats join in" sur des coussinets de trompettes. Ce livre et ce disque sont décidément félins pour l'autre.

 

 

Et comme d'habitude, la séquence "l'eau à la bouche" :

http://www.youtube.com/watch?v=-BNFqx9hKpg&feature=related

 

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Un Livre Et Sa Musique

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