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30 novembre 2018 5 30 /11 /novembre /2018 15:39
"Maya" de Jostein Gaarder / Radiohead "A moon shaped pool"

Note de concordance : 6,5/10

 

En finissant cette expérience de Bande Originale de Livre, on a envie de mettre une note de concordance de 10/10 entre ce livre et ce disque. De 1000000²/1000000² même. De noter 100/100 la concordance de toute chose, puisque TOUT est lié, puisque TOUT est issu de la même poussière, de la même cellule d'avant le Big-bang.

 

Mais même si des années après, lorsque j'écoute "A moon shaped pool" je me retrouve à table sous de nocturnes tropiques, en pleine discussion avec les protagonistes de "Maya", la richesse de ces deux œuvres me confirme que leurs liens sont trop éphémères pour justifier d'une meilleure note. Comme si un millier de fleurs qui naissent suite à la semence d'un milliard de graines poussait à la relativité, malgré un joli résultat absolu.

 

Jostein Gaarder, le norvégien auteur du "Monde de Sophie", se plait à mélanger roman et concepts philosophiques. Il y a aussi une dimension poétique dans son œuvre - ici redistribuée par un jeu mythique de 52 cartes.

 

"Maya" de Jostein Gaarder / Radiohead "A moon shaped pool"

Ainsi Frank découvre les Îles Fidji, pour écrire à son ex-femme ; il voyage sur le 180° méridien - au point du changement d'heure - l'un des rares points du monde où l'on peut vivre deux journées en une. Deux vies peut-être ?

 

La longue lettre de Frank narre sa rencontre avec un énigmatique couple espagnol dont la femme, danseuse de Flamenco, semble issue d'un tableau de Goya. Leurs discussions sur cette île encore désertée par les touristes sont intrigantes, puis franchement intéressantes. On aborde les origines de la vie sur Terre, les théories de l'évolution, le temps, la vie éternelle, les enjeux écologiques et tout un tas de considérations métaphysiques.

Lorsque Frank poursuit les palabres avec le gecko qui se tient fièrement sur sa bouteille de gin, on se demande où l'on est tombé... puis la cocasserie mêlée à la pertinence des réflexions l'emporte et on se laisse aller.

 

La forme semble un peu légère, mais, sous-jacent, le fond s'avère d'une belle complexité. Exactement le sentiment qu'inspire "A moon shaped pool". A la première écoute, les chansons de Radiohead semblent plus dénudées qu'à l'accoutumée : des compositions dont la voûte est bâtie sur un seul instrument, tout juste décorées de quelques éléments electro. L'architecture du morceau d'ouverture "Burn the witch" a quelque chose de "Eleanor Rigby" avec ses seuls violons stridents, "Daydreaming" rêvasse sur un piano solo, d'autres titres n'ont guère plus que des arpèges de guitare sèche pour convaincre, prouvant ainsi qu'il n'est nul besoin d'être surarmé d'artifices pour rendre imparable une chanson. Les titres s'égrainent assez paisiblement, aériens… Et comme avec les grands albums, chaque écoute déloge un peu plus de subtiles imbrications, des structures moléculaires remontant à la surface. "Desert island disk" n'est d'abord qu'une petite mélopée jouée de nuit sur une plage (Fidji ?), presque hispanisante, et gagne des dimensions célestes d'écoute en écoute. Le travail du producteur Nigel Godrich, sans doute. On plane, on voyage. Les paroles de cette chanson, entre abstraction et profondeur, filtrent les mêmes lumières que le récit de Gaarder. Et là encore ce petit miracle : la fluidité et l'évidence porteuses de substantielles richesses spirituelles…

 

 

"Maya" de Jostein Gaarder / Radiohead "A moon shaped pool"

Il est vrai que la philosophie se cache derrière toute chose, comme un support essentiel. Par exemple, les morceaux enregistrés pour "A moon shaped pool" semblent avoir atterri sur l'album sans réflexion d'enchaînements : c'est le hasard de l'alphabet qui a dicté leur place, posant une ambitieuse question : à quoi sert l'ordre ? C'est quoi un ordre d'ailleurs ? La réflexion prévaut-elle sur l'aléatoire ? 

Et plus loin : quand le brouillon devient-il le résultat définitif ? Quand l'artiste sait-il que son œuvre est achevée ? "True love waits" est une chanson qui a été jouée depuis fort longtemps sur scène par Radiohead, et qui trouve là sa première captation studio : est-ce sa version définitive ? 

 

Un big-bang de questions qui ne trouvent pas forcément réponse… ainsi est construit "Maya". Un livre qui finit par s'emmêler un peu les assauts en hauteur, qui sème les interrogations, et parfois le lecteur aussi. Mais en suivant le fil de lumière pâle que tendent Thom Yorke et sa bande, on prend plaisir à ouvrir quelques portes sur des espaces cosmiques vertigineux.

 

Et voilà que je me demande si cet article est terminé...

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