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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 07:23

NevermoreMoriarty 

 

Note de concordance : 6.5/10

 

Rideau !

Bienvenue au cabaret ! Derrière les volutes, les spectacles étrennent le plancher. Les artistes jouent sur du velours. Les chansonniers étourdissent, les tours font chanceler les regards. Il y a de la magie dans l'ère : XXème siècle, première partie.

 

"Nevermore" se situe dans les années 20. La musique de Moriarty, pas loin. Ce premier album des franco-américains date pourtant de 2007, mais les percussions foutraques, l'harmonica fanfaron et la guitare qui transpire le blues à grosses gouttes semblent sortis d'un vieux vinyle retrouvé dans un grenier avec vue calfeutrée sur le Mississippi. L'enregistrement capte la voix perçante de Rosemary comme si le micro se trouvait dans un cabanon ou dans l'arrière-salle d'une fête foraine. Tous les instruments additifs (et par instruments, il faut entendre "de musique", ou "de cuisine", ou "de mesure", ou "de médecine", ou "de navigation", ou que sais-je encore - personne n'a jamais rangé tout le bataclan de ce disque !) bourlinguent dans ce même esprit bringuebalant. Le bastringue bazarde les barricades du formatage et atteint l'essence des ambiances de guinguette. L'auditeur en goguette se retrouve devant une scène de music-hall qui ne joue que pour lui. Une scène sans ménage, qui assume ses glorieuses poussières.

 

On imagine Le Grand Houdini en personne opérer sur ces mêmes estrades, déliant les maillons constrictor, venant à bout de tous les coffres, déverrouillant les limites de l'illusion. Il est le personnage-clef (facile, je sais ; j'aurais peut-être dû la laisser sous scellé, celle-là) de "Nevermore". Houdini !Il a cependant un compagnon de choc pour élucider son affaire : Sir Arthur Conan Doyle. A eux deux, aidés de quelques revenants spectraux, ils vont tenter d'élucider une série de meurtres qui font trembler les gratte-ciels de New York. Ces crimes mettent macabrement en scène des nouvelles d'Edgar Poe. Les cadavres se ruent à la morgue ! Elémentaire : le duo enquête.

 

Le père de Sherlock Holmes a réellement lié amitié avec Houdini. William Hjortsberg, qui est aussi scénariste hollywoodien ("Angel heart" par exemple), emprunte un canevas historique parfaitement avéré et tisse habilement ses mailles fictionnelles autour de lui. 

C'est sa passion débordante pour le spiritisme qui a poussé Conan Doyle à fréquenter le prestidigitateur. Leur respect mutuel finit par s'envenimer, Harry Houdini n'adhérant absolument pas à l'existence des esprits ; pragmatique, seule l'illusion trouve grâce à ses yeux. Seuls les charlatans entrouvrent l'au-delà, par le truchement de trucs. Ce roman se penche davantage sur les relations électrisées des deux héros, sur leur duel argumenté, que sur l'enquête policière, presque reléguée à l'arrière-plan.

 

Quelques voiles de mystère se superposent pour maintenir l'atmosphère de feuilleton populaire et la pleine attention du lecteur. Comme cette apparition d'Edgar Poe, les pièges grandiloquents ou le personnage d'Isis, séductrice fatale + intrigante qu'une boule de cristal. 

 

On se figure volontiers Isis avec la voix classieuse de Rosemary. Toutes deux sont énigmatiques, indépendantes, libérées et entourées d'hommes. moriarty scèneLa diva est accompagnée de quatre "frères" - mais la "famille" Moriarty est à taille variable. Chacun trimballe sa petite valise d'idées qui alimentent l'opérette folk "Gee whiz, but this is a lonesome town". Comme un magicien en sortirait une colombe ou le chien de Columbo, les Moriarty en extraient kazoos, clarinettes, cloches, machine à écrire (on croirait entendre Conan Doyle en plein travail à l'écoute de "Jaywalker").

Avec trois bouts de ficelles et cinq cordes de banjo, cette improbable formation funambule joue à superposer des cailloux. Par miracle, leurs mélodies tiennent la route, sans note molle, sans consensus, sans qu'on s'en moque. Libre équilibre.

 

Quelques titres se parent d'une humeur inquiète qui fait la part belle aux scènes d'angoisse ou de claustrophobie du roman. Dans cette catégorie, "Animals can't laugh" et ses accents orientaux glisse furtivement sur les parures d'Isis. Et même sur la longueur, ce disque baroque de bric et de broc intemporel se suspend bien aux aventures placides des deux peoples d'un autre temps.

 

Hasard, coïncidence, subconscience ? Moriarty est aussi le nom de l'ennemi juré de Sherlock Holmes, inventé par Conan Doyle. D'ici que l'esprit de Sir Arthur m'ait dicté le choix de cette B.O.L....

 

En attendant le nouvel album fin avril, "The Missing room", voici le titre qui a révélé le groupe, "Jimmy":

http://www.youtube.com/watch?v=lnbl94GZ6TM

 

 

 

 

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commentaires

F
<br /> Blog(fermaton.over-blog.com)No.23-THÉORÈME NEVERMORE. L'IMMORTALITÉ ??<br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> <br /> Intéressant...<br /> <br /> <br /> <br />

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