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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 09:52

descenteBonobo-Days-To-Come

 

Note de concordance : 7/10

 

Je tiens là une nouvelle illustration de l'intérêt de la Bande Originale de Livre.

Oui, souvent, la musique veille sur les personnages, souligne l'action, fait monter la pression, édulcore les situations, transcende le récit. Si vous ne me croyez pas, après bientôt 30 articles... je lâche l'affaire ! Ah, c'est juste que vous n'arrivez pas à lire et écouter de la musique en même temps ? Je sais, je sais, vous me le dîtes tout le temps, je vous crois. Je dois être fait bizarrement. Encephalosplité...

Dans le cas de "Descente aux enfers", cependant, la B.O.L. m'est apparue indispensable pour sauver cette lecture ! Car non, je n'ai pas tellement aimé ce livre, et n'aurais sans doute pas suivi Bevan au bout de son enfer sans l'aide de Bonobo.

 

Plutôt qu'une immersion dans la moiteur de la Jamaïque des années 50, on s'embourbe dans les pulsions destructrices d'un courtier de Wall Street alcoolique. Le couple qu'il forme avec Cora, à une étincelle de l'implosion, a débarqué à Kingston pour un peu de repos. Mais Bevan va trouver là, dans ce pays aux règles rares et souples, l'occasion de s'extraire un peu mieux encore du carcan social qui l'asphyxie.

 

Je dois le maintien du plaisir de lire ce roman à l'exotisme de "Days to come". C'est la musique qui a sculpté un relief à la forme assez plate choisie par Goodis. Simon Green (alias Bonobo) semble créer sa musique comme un enfant joue aux Playmobil : il prend toutes les pièces qu'il a sous la main pour disposer le tout en harmonie, en déplaçant ses sujets - qu'il possède en nombre - pour voir ce qui rend le mieux, en osant des mariages incongrus. Jusqu'à ce que ce petit village tienne debout.

Le trip-hop coloré se voit alors cohabiter avec des percussions world et un violon badin. Tiens, et là, si on mettait un peu de funk acoustique ? A la fenêtre de "Nightlite", une cuica brésilienne pointe le bambou de sa queue. Un jazz cuivré rencontre la joie de vivre africaine sur le bord du chemin ("Transmission 94"). Le blues est cerné par une soul sensuelle que la voix de l'invitée Bajka diffuse sur un tiers de l'album ; les instrumentaux prennent le relais et faciliteront même la lecture aux + récalcitrants à la B.O.L. !

 

Comme on écarte un rideau de porte tropical, l'intro du disque et sa flûte funky flanquée d'ivresse saluent l'arrivée de Bevan dans le bar le + glauque des faubourgs de Kingston. Où l'on s'assomme autant aux alcools frelatés qu'aux mauvais coups. Le muscle lourd, la tête comme un tonneau de rhum en milieu de soirée, il s'extirpe d'une bagarre. Puis une agression l'attend. 1-0. Il l'emporte face à l'antillais, largement, d'une bonne longueur de tesson dans la gorge d'avance...

L'étrange cocktail de sentiments (1/3 de culpabilité, 1/3 d'indifférence bien mûre, 1/3 d'autodestruction, un soupçon de la part d'un maître chanteur) va longuement étuver sous le soleil jamaïcain - sous le downtempo entêtant de Bonobo. David Goodis a lui-même eu un parcours qui immanquablement fait penser à son héros : quelques romans à succès, un début de carrière à Hollywood, un court contrat avec Warner, puis une lente chute vers le quasi-anonymat et la déprime.

goodis 1                            goodis 2

C'est vrai qu'il a pas l'air bien, le pauvre...

 

A la lueur de cette vie solitaire, on ne peut s'empêcher de penser à ce triste destin lors de la scène la + réussie du roman, quand Bevan se débat dans une fosse de boue, noyé de chagrin et d'eau brune. Une eau épaisse qui aura pourtant le goût de la vie. Idéal avec les ébats rythmiques tendus d'"On your marks".

 

La fin de "Descente aux enfers" est supérieure au reste. Sa noirceur prend enfin des reflets. En attendant, des titres grinçants comme "The fever", ou intenses comme "Nightlite", auront donné de la substance aux nuits blanches de Bevan. Bonobo, l'orfèvre du label Ninja Tune, armé de ses beats au couteau, a taillé un costard tout en sueur au héros, offert une ambiance torride et une profondeur au tableau sans ligne de fuite de Goodis. Trempé ce récit dans 90% d'humidité. Transmis la fièvre.

 

Les ébats sus-cités :

http://www.youtube.com/watch?v=oJW81niQS0I

 

L'intensité sus-citée, en live at Koko :

http://www.youtube.com/watch?v=oRGAveBCtmE

 

 

 

 

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