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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 09:17

Vargasmurat charles et leo 

 

 

Note de concordance : 5/10

 

Deux grandes gueules.

L'une, Vargas, écrit des petits bijoux policiers et gueule après les politiciens sourds aux plaintes de la Terre.

L'autre, Murat, écrit des chansons à un rythme défiant l'entendement et gueule après la bêtise des médias dès qu'il se trouve sur un plateau télé.

 

"Charles et Léo" s'est toutefois imposé à "L'homme à l'envers" pour d'autres raisons, obscures. J'ignore quel rapport il peut y avoir entre ce disque, adaptation en musique des "Fleurs du mal" inachevée en son temps par Léo Ferré, et cette aventure du commissaire Adamsberg (ou + véritablement de la femme qu'il aime) dans un road-movie montagnard à la poursuite d'un tueur.

Pourtant, pendant le temps-mort nerveux d'un contrôle technique de ma bonne vieille voiture, mes oreilles se sont arrêtées sur cet album et ont lancé la fameuse balise "eurêka" : c'est la Bande Originale du roman que tu as dans les mains ! D'accord, d'accord. Et ce fut une assez bonne B.O.L.

 

L'orgue un peu suranné qui traverse à pas lents les douze coups de "Charles et Léo", sobre, a quelque chose des vieilles maisons de villages avec vue sur le clocher. Lorsqu'une guitare se risque à s'introduire dans un morceau, ses rares accords évoquent de larges contrées, des paysages intimidants. Les notes jouent à l'ascèse musicale... Les incursions de l'harmonica font appel au solitaire voyageur qui panse ses pensées usées de quelques mélopées... pourquoi pas un vagabond. Ou bien un berger.

 

Nous avons un berger qui s'ennuie dans le roman de Fred Vargas. Qui s'ennuie de ses chèvres ! Le Veilleux. Personnage le + attachant de cette histoire qui doit avoir quatre même phrases à son compteur sur tout le livre (dont le fameux  "gaffe, il est piégeux" pour décrire son blanc sec), Le Veilleux a besoin de parler à ses brebis par téléphone pour les rassurer !  C'est lui qui est égaré. Il a entraîné sur les routes alpines sinueuses Camille (seule apte à conduire un camion) et le fils d'une amie assassinée pour rattraper le tueur-en-série-garou qui a sévi dans son village et qui dresse un jeu de paume où l'on se piste - euh non, plutôt l'inverse. Place alors à une enquête qui, comme toujours chez Vargas, s'accompagne de dialogues punching-balls, de personnages improbables, d'indices qui rebondissent sur des doutes. Puis viendront les pérégrinations futures intérieures du subjectif commissaire Adamsberg, qui intervient + pleinement en fin de parcours.

 

On ne peut pas vraiment lâcher ce livre. Il est magnétique. On veut savoir. On veut tacler le coupable au coin d'une page. Découvrir si l'on est dans le fantastique ou le réel. Baigné dans les légendes rurales et noyé dans le mystère, on veut regagner la surface avec en main la vérité brandie comme une victoire !

 

Un vent froid souffle sur les champs musicaux du clermontois. Les chansons épurées sentent le refuge, la cendre dans l'âtre, la balade en montagne, le feu de camp réparateur. Ce disque compact doit sa densité aux harmonies utilisées plusieurs fois dans les compositions de Ferré et à l'économie des instruments. On connaît vite cet album, on s'y sent vite bien. On s'y glisse. Sous le duvet des mots de Baudelaire, la volupté nous enrobe. La voix chaude de Murat ajoute une couche. Morgane Imbeaud, la belle étoile de Cocoon, appose un peu de soie lorsqu'elle nous borde de ses choeurs.

 

Alors bien sûr, l'humour jubilatoire de Fred Vargas peut paraître éloigné des mélodies austères de Murat empruntant la voie Ferré. Fuyant les clichés comme la peste au point de donner des éclairages délirants à ses scènes, l'auteure est à l'orée du rocambolesque. Dans le contexte de la réintroduction des loups dans le Mercantour, elle instaure malgré tout une ambiance de superstitions nocturnes, de peurs ancestrales latentes, et revisite le mythe de la Bête du Gévaudan. Les angoisses sont relayées par quelques partitions aux atours un brin sinistres de "Charles et Léo".

Les textes de Baudelaire, intouchables, pic de la poésie, claquent sous la langue. Le tanin fort et le palais charnu. Le verbe de Vargas est évidemment bien moins long en bouche, mais la romancière fait preuve d'une gouaille et d'un plaisir des mots qui ne brisent pas l'harmonie de ce mariage éphémère.

 

Le lien Toitube qui va bien :

http://www.youtube.com/watch?v=Kg1HyWpp938&feature=related

 

 

Les fans de Murat trouveront leur maître, qui a écrit cet article : 

http://blog.fnac.ch/?p=4360

 

 

 

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