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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 18:39
Alan Bradley "Les étranges talents de Flavia de Luce" / Bruno Coulais "Microcosmos"

Note de concordance : 8,5/10

 

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

 

La petite chimiste Flavia de Luce ne me contredirait pas sur ce point. En appliquant ce précepte d'Antoine Lavoisier, j'ai donc recyclé une musique de film - dont chaque note avait été pensée pour des images bien précises - en Bande Originale de Livre. La redistribution des éprouvettes sonores dans mon petit laboratoire musico-littéraire, a donné au "Microcosmos" de Bruno Coulais un nouvel usage.

 

Le thème principal de "Microcosmos" est suspendu à un choeur d'enfants brumeux aux ruptures mélodiques enchanteresses. La dimension gothique de cette portée sera déclinée au fil arachnéen des morceaux, et va imprégner l'ambiance Famille Adamsienne des "Etranges talents de Flavia de Luce",.

Ca ne semble être un secret pour personne, Flavia est très largement inspirée de Mercredi, la fille de Gomez et Morticia Adams.

 

Alan Bradley "Les étranges talents de Flavia de Luce" / Bruno Coulais "Microcosmos"

A la différence de la gamine glaciale si parfaitement incarnée par Christina Ricci, Flavia n'a plus sa maman, n'a pas de frère mais deux soeurs avec qui elle s'entend comme l'huile se mélange à l'eau. Il faut dire qu'elle n'est pas commode la petite chimiste de 11 ans, rancunière, un vrai poison ! Plutôt que de s'amuser dans le jardin, elle préfère s'isoler dans les vapeurs de son labo ; plutôt que de coiffer sa poupée, elle intoxique le maquillage de sa soeur ; plutôt que lire des Harry Potter (ce qui serait bien anachronique, on est dans les années 50), elle va mener sa propre enquête lorsqu'un homme venu visiter son père est retrouvé mort dans le jardin de la demeure victorienne.

Un corbeau mort, des timbres mystérieux, le vol d'une tarte, de vieilles archives inaccessibles et les fameuses potions de Flavia de Luce feront mousser les aventures de cette détective en sandalettes (quatre sont déjà traduites, soit la moitié).

 

Alors, me direz-vous, une enquêtrice anglaise d'à peine 11 ans, est-ce bien raisonnable ? Non pas vraiment... le roman était d'ailleurs destiné à un public jeunesse avant d'être édité par 10-18 dans la collection Grands Détectives. Et bien que sympathique, c'est un peu le tube entre deux chaises que la chimiste évolue. Pas assez adulte pour prétendre à de l'action ou de la profondeur, pas assez enfantin car en carence de charme, de fantaisie.

 

Heureusement, la B.O.L. est là pour sauver in extremis les situations délicates : la magie qui peut parfois manquer au canadien Alan Bradley, distillons-la à partir de ces musiques inspirées par la nature !

Bruno Coulais a le don merveilleux de s'inspirer de son sujet pour en tirer l'essence et le mener vers autre chose - encore un alchimiste, en somme... Ainsi des bruits d'eau, d'ailes ou d'oiseaux vont naturellement tendre une toile de fond, ou + justement une toile d'araignée, aux compositions de "Microcosmos", comme un trompe-l'oeil sonore. Un trompe-l'oreille, en fait. Il ne s'agit pas pour autant seulement de bruitages ou d'imitations de sons, mais d'une réinterprétation poétique des bruits sécrétés par les mondes invisibles.

 

S'envole alors un orchestre entomologique, tous archets tendus.

 

 

Les carillons avancent à tâtons, comme on viole la pâleur poussiéreuse d'un lieu interdit, le genre de situations que connaît bien l'intrépide Flavia. Son espièglerie pince les mêmes cordes jouées par une veuve noire. Séductrices, les percussions vibrent à la manière des stridulations du grillon. Les stridences des violons initialement calées sur les bourdonnements du peuple de l'herbe accentuent les dangers de l'enquête de Flavia, rendent un peu + inquiétants les craquements de parquet de la bibliothèque, les grincements de portes de son manoir. Les lieux du roman n'en deviennent que + fantastiques, davantage qu'ils ne le sont décrits dans le roman. Les pièces gagnent en perspectives ; les odeurs se chargent d'humus ; les couleurs du danger s'intensifient. La lune hulule + lugubrement, la rosée est mieux irisée.

Ainsi insectes et investigatrice en herbe partagent ce précipité de notes qui gouttent à l'envi.

 

J'aurais aimé que Bradley ait lui-même davantage de matière à passer sur son bec bunsen et qu'il étoffe ses ambiances, cependant son attachante héroïne donne une jolie effervescence à cette écriture au PH un peu trop neutre. Mais allez savoir si la musique de "Microcosmos" n'aurait pas perdu en efficacité si les composés moléculaires du récit avaient déjà été remplis de féérie. Ici au moins, tandis que Bruno Coulais et Flavia de Luce observent la vie à travers un microscope, la liaison chimique est établie. Et la métamorphose expérimentée réussie.

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